Au delà de la technique, il y a l’aspect spirituel dans la pratique du Iaïdo. Trop souvent, les saluts sont effectués comme une mascarade en singeant les gestes à respecter mais sans en comprendre ni mettre aucun sentiment.
C’est respecter et adhérer au lien culturel japonais dont est issu le Iaïdo… Et au risque de décevoir certains, le Iaïdo n’est pas issu de la chevalerie européenne, et encore moins française ; aucune comparaison n’est possible.
Le salut aux professeurs, c’est non seulement ceux qui sont physiquement devant nous, mais aussi le ou les professeurs de ces professeurs présents, et même en allant encore bien plus loin jusqu’à remonter aux fondateurs de notre école traditionnelle.
C’est la raison pour laquelle il est important pour chacun de connaître sa « lignée » Jikimon. Toute rupture de cette longue chaîne de transmission serait comme un sarment de vigne coupé du cep… il ne portera plus de « fruit ».
Les saluer, correspond à nos remerciements pour la transmission des connaissances qu’ils apportent ; au temps, à l’abnégation et à l’énergie qu’ils ont consacrés pour atteindre ce niveau pour ensuite nous le re- donner lors d’un cours ou d’un stage.
Le salut au sabre, c’est le moment où vous portez votre esprit dans votre lame ; là où vous faites la jonction entre vous et ce sabre: l’osmose entre le sabre et le « samouraï ».
C’est la différence entre un pratiquant de Iaido utilisant un sabre, et un habile technicien dans le maniement d’un ustensile tranchant. Bien que cela soit en apparence qu’un simple instrument composé de métal, de bois assemblés et de fils tressés, ce sabre va vous permettre de vous développer tant en adresse, qu’en force physique et mentale.
Forgé lui-même, il va vous permettre de vous forger un nouvel état d’esprit au fur et à mesure de son utilisation au fil des entrainements. Vous devez y apporter le plus grand soin, le nettoyer et le ranger correctement dans sa housse, elle-même nouée soigneusement. Combien de fois, ayant prêté un sabre, et après ouverture de la housse de transport, je retrouve un « tas de chiffon » de housse mal ficelée !
Tous ces saluts doivent être faits profondément, avec le plus grand respect, avec humilité.
Philippe Merlier
Iaido Kyoshi 7e Dan