Le 17 février 1970 un étudiant japonais de 21 ans débarque à Orly pour un séjour qu’il imagine durer quelques mois, 50 ans plus tard, toujours Parisien, il est devenu la pierre angulaire du kendo Français.
KEN DO Magazine – Monsieur Yoshimura dans votre dernier ouvrage, en préambule, vous vous interrogez sur le sort facétieux qui vous avait fait quitter le Japon pour devenir instructeur en France.
Monsieur Yoshimura – C’est le hasard qui m’a poussé à venir en France ; le professeur de mon club de kendo universitaire avait fait un tour d’investigation comme chef de la délégation japonaise et il a visité plusieurs pays européens. En France il a rencontré Monsieur Claude Hamot et celui-ci a demandé à mon maître, Monsieur Takizawa, d’envoyer un étudiant afin d’aider à initier le kendo en France. Quinze jours après le retour de mon professeur au Japon, dans le vestiaire commun où pour une fois je m’étais changé à côté de lui, monsieur Takiwaza demande : « Qui étudie le français parmi vous ? » Je lui réponds par l’affirmative « Très bien, est-ce que tu veux partir en France pour un an ? » et j’ai immédiatement accepté sans lui demander pourquoi. À l’époque il était très difficile de faire un voyage du Japon vers la France le voyage était onéreux, surtout pour un étudiant, c’était donc une occasion inouïe. Puis mon professeur m’a expliqué qu’en France il y avait besoin d’un étudiant pour faire découvrir le kendo. Mais si ce jour-là je n’avais été à côté de mon professeur je n’aurais vraisemblablement pas été choisi. En effet quinze ans plus tard lors d’un séjour au Japon mes camarades du club de kendo ont organisé un banquet en mon honneur et là j’ai appris que plusieurs d’entre eux auraient souhaité aller en France ! Quand Monsieur Takizawa a proposé ce séjour je n’étais ni le plus capé techniquement dans ce groupe d’une vingtaine d’étudiants ni le plus avancé dans la pratique du français mais ils se sont tus. À ce moment-là, si l’un d’eux avait levé le bras et déclenché une sélection officielle je n’aurais jamais été pris.
KEN DO Magazine – Vous arrivez à Orly vers 22h00, un peu inquiet, votre sac à shinai sur l’épaule et vous dites que c’est un duo étonnant qui vous accueille.
Monsieur Yoshimura – Au bout du couloir il y avait deux personnes qui m’attendaient, on aurait dit Laurel et Hardy : un monsieur très fort mais de ma taille, c’était Monsieur Claude Hamot, le second était le président de la fédération autrichienne qui lui mesurait 1 mètre 92 ! J’aurais presque attrapé un torticolis en les saluant l’un après l’autre ! Je dis cela avec beaucoup d’affection pour ces deux hommes.
Ma vie Parisienne allait commencer ! Ce que ne savais pas, alors que je pensais rester une ou deux années en France c’est que l’on allait me proposer un poste salarié juste à la fin de mes études. Et puis la vie en France me plaisait beaucoup ; cette possibilité de s’exprimer directement sans attendre l’aval d’un groupe me donnait un sentiment de liberté. Au Japon il aurait été difficile à cette époque de refuser une invitation à dîner, à moins d’être malade… Le poids social était trop important, la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle n’était pas clairement définie alors qu’en France il suffisait de dire non. Et aujourd’hui cette différence de mentalité entre la société Japonaise, même si elle a évolué, et la société Française est encore importante. Ce qui m’a obligé parfois à changer de casquette en fonction de mes interlocuteurs Japonais et Français. Chez mes compatriotes l’ego est confondu dans l’environnement il faut fonctionner en groupe et éviter les conflits.
Ma vie Parisienne allait commencer ! Ce que ne savais pas, alors que je pensais rester une ou deux années en France c’est que l’on allait me proposer un poste salarié juste à la fin de mes études. Et puis la vie en France me plaisait beaucoup ; cette possibilité de s’exprimer directement sans attendre l’aval d’un groupe me donnait un sentiment de liberté. Au Japon il aurait été difficile à cette époque de refuser une invitation à dîner, à moins d’être malade… Le poids social était trop important, la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle n’était pas clairement définie alors qu’en France il suffisait de dire non. Et aujourd’hui cette différence de mentalité entre la société Japonaise, même si elle a évolué, et la société Française est encore importante. Ce qui m’a obligé parfois à changer de casquette en fonction de mes interlocuteurs Japonais et Français. Chez mes compatriotes l’ego est confondu dans l’environnement il faut fonctionner en groupe et éviter les conflits.