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UNE PETITE HISTOIRE DU KENDO FRANÇAIS

Une petite histoire du Kendo français

Il était difficile de faire en quelques pages une histoire du kendo français qui a maintenant plus d’un demi-siècle. À côté de mes souvenirs personnels, c’est l’article de Tanguy LAMINOT et Claire AYMARD du numéro 16 de « Voix du Kendo » et le témoignage de Bernard DURAND 7e dan et un des pionniers de la discipline qui m’ont aidé à en faire une synthèse qu’ils en soient remerciés.

1957

Les Américains autorisent les Japonais à s’entraîner de nouveau au Kendo discipline qu’ils avaient interdite la soupçonnant d’avoir forgé les énergies bellicistes du peuple japonais.

C’est Jim ALCHEIK, avec le Yoseikan de maître MOCHIZUKI en 1958, après un séjour au Japon, fait les premières démonstrations de Kendo en France. Il rejoignait alors Maître MURAKAMI envoyé précédemment dans l’Hexagone pour l’aider. Quelques Français sont initiés dans un dojo Boulevard Blanqui : Monsieur Claude HAMOT, Bernard DURAND, Truong GNOC, Raymond COQUATRE et Henri PLÉE (le pionner du karaté en France).

Jim ALCHEIK meurt en 1962. Le kendo reste dans les limbes pendant quatre ans. Alain FLOQUET qui s’est consacré au Karaté et à l’Aikidō rencontre SHIGA Tadakatsu 4e dan et ancien étudiant de l’université Kokushikan.` Maître FLOQUET fait enseigner le Kendō par Monsieur SHIGA dans les dojos où il enseigne lui-même l’Aikidō.

En 1966 est créé la F.K.R ( France Kendo Ren Mei) dont les principaux membres sont HAMOT, FLOQUET, DURAND, MARTIN. M.SHIGA est le conseiller technique. La même année 1967 est créé la F.F.K dont Jean-Pierre NIAY est le président. C’est évidemment les querelles d’égo et d’idiosyncrasie qui autorisent la création de différentes associations (à un moment, il y en a trois !).

Le premier championnat d’Europe de Kendo à lieu le 5 mai 1968 boulevard Blanqui. C’est M.SHIGA et des experts japonais venus d’Europe qui sont mobilisés. Six pays participent (Autriche, Belgique, France, Grande-Bretagne, Hollande et Suisse). Bernard DURAND l’emporte en finale contre KNUTSEN.

LE 5 AVRIL 1970

la France participe aux premiers championnats du monde de Kendo qui se déroule à Tokyo au Budokan (construit en 1964 pour les J.O) La France est battue par les U.S.A puis par la Chine. Une scission éclate au sein de la F.K.R et la plupart de ses membres rejoignent la F.F.K de Jean-Pierre NIAY dont le responsable technique est M.YOSHIMURA Kenishi, envoyé officiel de la Nippon Kendo Renmei.

C’est l’arrivée de YOSHIMURA Kenishi, fraîchement débarqué de Todai (la prestigieuse université de Tokyo) à Paris en janvier 1970 qui va booster le Kendo français. Il a vingt ans et il est 4e dan. Sa posture impeccable et son excellente technique en imposent. Il est de taille moyenne mais l’élégance et l’efficacité de son Kendo sont évidentes. Il s’impose comme la référence exemplaire du Kendo français sur le plan national. Son enseignement rigoureux et sans complaisance emmènera l’équipe de France à être championne d’Europe plusieurs années (titres par équipe et individuels). Il est depuis cette époque entraîneur du Kendo français, poste qu’il occupe toujours en étant 8e dan, maître du plus haut grade.

A Côté de maître Yoshimura, des experts japonais (7e ou 8e dan) seront invités chaque année par le C.N.K.F (comité du kendo français, discipline associée à la F.F.J.D.A). Ils coucoueront à faire progresser le Kendo hexagonal et encadreront d’un façon remarquable les stages.

Tous les participants passionnés de cette époque du début des années 1970 s’emploient à faire connaitre notre discipline. Pour pouvoir suivre tous les cours de M.YOSHIMURA, les licenciés de la F.F.K payent une cotisation un peu plus élevée que les pratiquants d’un seul dōjō. C’était presque toujours les mêmes qui de retrouvaient au dōjō de la Montagne Sainte Geneviève, à Saint Ouen, à Montreuil à la Faculté des Sciences, au dōjō de l’Unesco. M.YOSHIMURA et des Kendodōka de qualité seront invités à l’occasion de forum d’Arts Martiaux dans les villages du Club Méditerranée pendant les vacances d’été. C’est à Corfou par exemple que Gérard PAGLIERI découvre le Kendo en 1975. En revenant de vacances il s’inscrit au Budo XI. Il participera à de nombreuses compétitions et sera champion de France individuel en 1984 !

C’est Maître YOSHIMURA qui recommandera à Bernard DURAND le dōjō Okada à Shimatakaido, au coeur de Tokyo, un dōjō historique où fut créée la Zen Kendo Renmai, l’actuelle Fédération Japonaise de Kendo. De ce dōjō sortiront d’excellents Kendoka qui contribueront au développement du Kendo français. On ne peut conter l’histoire du Kendo Français sans rendre un hommage appuyé aux pionniers de l’escrime au sabre qui étaient tous habités par une impérieuse sincérité. C’est Claude HAMOT, professeur de Judo, 6e dan réputé qui a été à l’origine du développement du Kendo Hexagonal. Son élève de Judō Bernard DURAND (dès 1958) et plus tard Jean-Claude TUVI, Didier OLIVRY (élève de Bernard en Judo), Jean-Pierre RÉGNIEZ (qui pratiquait le Karaté au Yoseikan budo de MOCHIZUKI sensei) furent les pionniers du Kendo Français à la fin des années soixante.

Il faut se souvenir aussi de Freimut STEIGER un pratiquant autrichien installé en France, graphiste de grand talent qui œuvrait pour l’iconographie du Kendo français (affiches, publicités diverses). Quelques années plus tard, en1973, sous la tutelle d’une forte personnalité, Guy ROLAND (ancien professeur de Judo) sera créé le Budō XI qui sera assez vite un des plus grand dojō d’Europe. Il est assisté de Michel GENTLEUR qui deviendra plus tard un excellent président du C.N.K.D.F et 7e dan. Un peu plus tard apparaîtront d’autres dojōs importants dans les villes de Lille, Saint-Étienne, Bordeaux, Marseille, Toulouse, grâce à d’excellents pratiquants qui ont suscité un véritable engouement pour notre discipline. Je conclurai cette « Petite histoire du Kendo français » en précisant qu’en 1970 nous étions moins de trois cents dans toute la France et que nous sommes maintenant six mille pratiquants.  

Pierre Delorme, Kendo 6e dan  

Article extrait du magazine Ken Do Mag N°7